« Débat général de la 69ème
Session Ordinaire
de l’Assemblée Générale des Nations Unies»
New York, le 25 Septembre, 2014
Monsieur le Président,Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de
Gouvernement,Monsieur le Secrétaire Général,Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d’abord à adresser mes sincères
félicitations à Son Excellence Monsieur Sam KAHAMBA KUTESA pour sonélection à la tête de la 69ème
Session Ordinaire de l’Assemblée Générale. Je l’assure d’ores et déjà du soutien de mon pays. Le travail remarquable accompli par son prédécesseur, Son
Excellence Monsieur John William ASHE, au cours de la précédente
session,
mérite notre reconnaissance. Il en est de même des
louables et inlassables
efforts du Secrétaire Général, BAN Ki-Moon, à la tête de
notre
Organisation.
Monsieur le Président,
Lors de notre précédente session, nous déplorions et
dénoncions déjà les
lâches attaques terroristes contre le centre commercial
de Nairobi. Voici
que, telle une fatalité, la présente session se tient
dans un contexte tout aussi
préoccupant, marqué par de graves menaces à la paix et la
sécurité
internationales.
D’abord l’avancée de la nébuleuse terroriste BOKO HARAM
qui étend
son champ d’action à la frontière des pays voisins du
Gabon, semant la
désolation et tuant sans distinction. Ensuite, la
réapparition de l’épidémie de
la fièvre hémorragique Ebola, d’une virulence sans
précédent, qui endeuille
l’Afrique.
Qu’il me soit permis de m’incliner devant la mémoire de
ceux qui ont perdu
la vie en tentant de secourir les malades. Je rends
également un hommage
solennel aux femmes et hommes qui, au péril de leurs vies,
se battent
chaque jour pour l'éradication de cette pandémie.
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La menace que pose Ebola étant globale, les ripostes
nationales devraient
être relayées par une mobilisation générale au niveau
planétaire.
C’est dans ce sens que mon pays se félicite des mesures
prises récemment
par l’Union africaine, les Nations Unies ainsi que des
nombreuses initiatives
nationales annoncées. J’accueille favorablement la
décision des Nations
Unies d’envoyer une mission sanitaire d’urgence pour
combattre l’épidémie
Ebola dans les pays affectés.
Mon pays, qui par le passé a gagné la bataille face à
plusieurs
crises Ebola, se propose de mettre à disposition le
Centre
International de Recherche Médicale de Franceville
(CIRMF)
dont l’expertise sur cette épidémie est avérée.
Monsieur le Président,
Je me réjouis que cette session nous permette de débattre
sur un sujet qui
nous préoccupe tous, à savoir « Elaborer et mettre en
oeuvre un
programme de développement porteur de changements pour
l’après-2015 ».
Le rapport adopté récemment par l’Assemblée générale sur
les Objectifs
de Développement Durable (ODD) constitue pour le Gabon
une
base solide dans l’élaboration de cet agenda.
Mon pays se réjouit que les priorités africaines,
notamment
l’éradication de l’extrême pauvreté, la promotion d’une
agriculture durable, l’industrialisation, la protection
de
l’environnement, figurent en bonne place dans ce rapport.
Je voudrais rappeler que le Gabon est entré dans le
processus de l’Agenda
de Développement post-2015 dans le cadre de la mise en
oeuvre du Plan
Stratégique Gabon Emergent (PSGE).
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Le PSGE procède d’une vision, d’une approche qui nous a
conduit à nous
définir un programme de développement ambitieux. Ce
programme intègre
bien sûr les préoccupations prises en compte dans les
OMD, tout comme
les défis liés aux changements climatiques et à la
sécurité alimentaire. Il
accorde, naturellement, une place de choix à tout ce qui
concourt à la mise
en valeur du potentiel que constitue la jeunesse.
Monsieur le Président,
La stratégie mise en place par le Gabon vise à accélérer
la transformation
structurelle de son économie en passant, dans un avenir
proche, d’une
économie de rente à une économie d’industries et de
services à forte valeur
ajoutée.
Dans la phase actuelle de la réalisation de ce programme,
l’accent est
particulièrement mis sur les facteurs de compétitivité
que sont la formation
du capital humain, la construction et la mise à niveau
des infrastructures de
développement, y compris le développement du numérique et
l’augmentation de la capacité énergétique.
Ainsi, à court terme, nous envisageons de consentir des
efforts
supplémentaires en matière d’éducation et de formation
dans l’optique
d’améliorer le rendement du système éducatif de base. L’objectif
ici est de
renforcer l’employabilité en vue de fournir une main d’oeuvre
qualifiée au
marché de l’emploi, et accélérer l’insertion des jeunes
dans la vie active.
Le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la
pêche et de la
pisciculture, y compris la sécurité alimentaire, continue
de bénéficier d’une
attention soutenue de mon gouvernement.
Ce sont-là autant de domaines où nous avons cru devoir
anticiper notre
saut dans l’agenda de développement post-2015.
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Monsieur le Président,
Il est notoire que tous ces efforts ne peuvent
véritablement prospérer que
dans un environnement politique, économique et social où
règne la bonne
gouvernance.
C’est dans cette optique que le Gabon s’est doté d’instruments
institutionnels, tels que la Commission Nationale de la
Lutte contre
l’Enrichissement Illicite, dont la mission globale est de
garantir la
transparence et l’obligation de reddition dans la gestion
des deniers publics.
Depuis lors, j’ai fait de la lutte contre la corruption
un objectif
stratégique prioritaire. En ce moment même, des
missions de contrôle
et d’inspection d’envergure sont menées dans tout le
pays avec des résultats
conséquents.
Je reste profondément convaincu que pour conférer de
solides bases à
notre agenda post-2015, il nous faut modeler notre
environnement
économique de sorte que la transparence guide l’attribution
des marchés
publics et des permis, la rentabilisation des
investissements, mais aussi le
respect des obligations des opérateurs économiques
vis-à-vis de l’Etat.
Monsieur le Président,
L’engagement du Gabon en matière de lutte contre le
changement
climatique reste constant, compte tenu de la gravité du
phénomène.
En effet, comme cela a déjà été souligné, le dernier
rapport du GIEC nous
rappelle la dure réalité des dégâts causés par les
changements climatiques.
Nous aurions tort de rester insensibles à ce qui se passe
sous nos yeux.
C’est pour cela que je me félicite des engagements pris
par les Chefs d’Etat
et de Gouvernement au terme du Sommet sur le climat qui s’est
tenu ici
même le 23 septembre dernier.
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Je réitère ici la détermination du Gabon à assumer sa
part du devoir.
Notre ambition, faut-il le rappeler, est de diminuer, d’ici
à
2025, plus de la moitié des émissions de gaz à effet de
serre
produit par chaque Gabonais.
Mon pays tient par ailleurs à renforcer sa contribution
aux efforts de la
communauté internationale en vue de l’adoption d’un
accord plus
contraignant, appelé à succéder au Protocole de Kyoto.
C’est tout le sens de la rencontre que nous allons
organiser à Libreville, du
18 au 19 mars 2015, pour une Initiative des pays du Sud
en faveur
du Climat (South
Climate Initiative ).
Par cette Initiative, qui interviendra après la
Conférence de Lima, étape
importante, nous voulons apporter une contribution
structurée des pays du
Sud au succès de la Conférence de Paris.
L’ampleur des dérèglements causés par le réchauffement de
la terre atteste
que le changement climatique est une question
existentielle. Face à
l’extrême gravité du péril qui nous menace, nous devons
nous unir. Nous
devons travailler main dans la main, avec le même
objectif : la planète
doit être sauvée à Paris en décembre 2015.
Monsieur le Président,
Dans un an, notre Organisation célébrera son 70ème
anniversaire. Cette
maturité doit lui permettre de mieux répondre aux défis
multiformes qui se
présentent à elle.
La réalisation effective du Programme de transformation
post 2015
est également à ce prix.
C’est pourquoi il nous faut poursuivre nos efforts en vue
de résoudre les
crises et foyers de tension ayant cours dans diverses
parties du monde.
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En ce qui concerne la République Centrafricaine, le Gabon
continue
de participer activement aux efforts de la CEEAC, de
l'Union Africaine, de
l'ONU et du reste de la communauté internationale, visant
la stabilisation
de la situation politico-sécuritaire, économique et
humanitaire sur le terrain.
Je tiens, à cet égard, à saluer le Forum de Brazzaville
pour la paix en
Centrafrique qui s'est conclu par la signature d'un
accord de cessation des
hostilités.
Par ailleurs, le Gabon se félicite de la mise en place
effective de la
MINUSCA qui a pris le relais de la MISCA.
Pour ce qui est du Mali, le Gabon soutient le processus
de paix engagé et
appuie les efforts de médiation déployés par le Burkina
Faso, l’Algérie et le
Maroc aux fins de parvenir à une paix durable.
Au Soudan du Sud, le Gabon soutient les efforts de l’IGAD
et l’Union
Africaine dans la recherche d’une solution politique
négociée entre les deux
belligérants.
Monsieur le Président,
S’agissant du conflit israélo-palestinien, je salue la
signature, sous la
médiation de l’Egypte, du cessez-le-feu entre Israël et
le Hamas.
Je forme le voeu que cette trêve dure et favorise la
reprise des négociations
directes en vue de la réalisation de la vision largement
partagée de la
création d’un Etat palestinien viable, existant en bonne
intelligence aux côtés d’Israël, dans la paix et la
sécurité, à
l’intérieur de frontières sûres et internationalement
reconnues.
En ce qui concerne le Sahara occidental, le Gabon se
félicite des efforts
de dialogue et de négociations consenties par notre
Organisation.
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Mon pays tient à réitérer son soutien à l’initiative
marocaine qui nous paraît
être une proposition courageuse et réaliste susceptible d’aboutir
à un
règlement durable.
Enfin, pour ce qui est de l’embargo contre Cuba, le Gabon
réitère sa
position en faveur de sa levée, en raison de son impact
négatif sur le bienêtre
de la population.
Monsieur le Président,
Jamais la menace terroriste n’a été aussi forte que ces
derniers temps,
hypothéquant la survie même des institutions des pays
touchés par ce
phénomène odieux.
En Afrique, l’activisme de BOKO HARAM pousse des
populations
entières à vivre loin de leurs foyers d’origine, dans la
terreur, la précarité et
le désespoir.
Au Moyen-Orient, le
prétendu Etat Islamique a fini par étendre son
règne funeste à l’est de la Syrie et au nord de
l'Irak.
Son implantation s’est
accompagnée d'un long cortège de viols, d'exécutions
sommaires, de
décapitations et de punitions de tous ordres perpétrées
contre tous ceux
qui, aux yeux des extrémistes, symbolisent le refus de
la radicalisation.
Aucune nation n’étant désormais épargnée par la folie
meurtrière de ces
entités négatives, la lutte contre le terrorisme se doit
donc d’être plus
concertée et plus coordonnée.
Mon pays réitère son soutien aux efforts internationaux
ainsi
menés et réaffirme sa ferme condamnation des actes
terroristes sous toutes ses formes et manifestations.
C’est pour faire face au défi sécuritaire que représente
le terrorisme, que
nous devons renforcer les capacités opérationnelles de
nos forces de
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défense et de sécurité, conformément à l’esprit de la
Stratégie antiterroriste
mondiale des Nations Unies.
Monsieur le Président,
A ces préoccupations de paix et de sécurité, s’ajoutent d’autres
menaces
transversales, notamment le braconnage et le commerce
illicite des espèces
protégées. Ce phénomène grandissant, plus
particulièrement en Afrique
centrale, constitue une menace à trois niveaux :
écologique, économique et
sécuritaire.
C’est en cela que mon pays demeure attaché à l’Initiative
de Londres
de février 2014. Nous réaffirmons notre engagement à
lutter contre le
braconnage et à appliquer un moratoire sur le commerce de
l’ivoire.
Dans ce sens le Gabon et l’Allemagne organisent demain 26
septembre
2014, un évènement parallèle sur cette question.
Monsieur le Président,
Mon pays est plus que jamais déterminé à coopérer
davantage, aux côtés
des autres Etats, à la formulation d’un outil de
développement qui tiendra
compte des préoccupations globales de nos populations.
Cela implique, entre autres, que nous devons opérer des
avancées
dans la réforme du système des Nations Unies.
C’est dans cette perspective que le Gabon, à l’instar d’autres
pays membres
de l’Organisation des Nations Unies (ONU), adhère à l’initiative
«
Unis dans l’action ». Actuellement au coeur de la réforme
de l’ONU,
cette démarche vise à améliorer la cohérence des
activités opérationnelles
de développement du Système des Nations Unies.
Monsieur le Président,
Le respect de la dignité humaine et des libertés
fondamentales demeure au
centre des préoccupations de mon Gouvernement.
C’est tout le sens que nous donnons à notre présidence du
Conseil des
droits de l’Homme qui intervient dans un contexte
international très difficile, marqué par de nombreuses violations des droits
de l’Homme.
En dépit de ces défis, le Conseil a su réagir et apporter
des solutions aux
situations d’urgence engendrées par ces violations. Le
leadership du Gabon
a permis d’entretenir un débat constructif et surtout d’éviter
de retomber
dans la politisation ou la polarisation des discussions.
Je tiens à renouveler ma reconnaissance aux pays qui nous
apportent leur
soutien pour la réussite de notre mandat.
C’est le lieu d’encourager la prise en compte de la
dimension droit de
l’Homme dans la réflexion actuelle sur l’agenda
post-2015. Le Gabon y
est favorable et propose de mettre un accent particulier
sur le
lien entre droits de l’Homme et développement durable.
Au regard de ce qui précède, le Gabon reste engagé aux
côtés des autres
Etats à continuer d’oeuvrer à la recherche des solutions
collectives adaptées
aux défis actuels en vue d’un monde meilleur.
Je vous remercie.
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