Friday, September 26, 2014

ALLOCUTION DE SON EXCELLENCEMONSIEUR ALI BONGO ONDIMBA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,CHEF DE L’ETAT



« Débat général de la 69ème Session Ordinaire
de l’Assemblée Générale des Nations Unies»
New York, le 25 Septembre, 2014
Monsieur le Président,Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,Monsieur le Secrétaire Général,Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d’abord à adresser mes sincères félicitations à Son Excellence Monsieur Sam KAHAMBA KUTESA pour sonélection à la tête de la 69ème Session Ordinaire de l’Assemblée Générale. Je l’assure d’ores et déjà du soutien de mon pays. Le travail remarquable accompli par son prédécesseur, Son Excellence Monsieur John William ASHE, au cours de la précédente session,
mérite notre reconnaissance. Il en est de même des louables et inlassables
efforts du Secrétaire Général, BAN Ki-Moon, à la tête de notre
Organisation.
Monsieur le Président,
Lors de notre précédente session, nous déplorions et dénoncions déjà les
lâches attaques terroristes contre le centre commercial de Nairobi. Voici
que, telle une fatalité, la présente session se tient dans un contexte tout aussi
préoccupant, marqué par de graves menaces à la paix et la sécurité
internationales.
D’abord l’avancée de la nébuleuse terroriste BOKO HARAM qui étend
son champ d’action à la frontière des pays voisins du Gabon, semant la
désolation et tuant sans distinction. Ensuite, la réapparition de l’épidémie de
la fièvre hémorragique Ebola, d’une virulence sans précédent, qui endeuille
l’Afrique.
Qu’il me soit permis de m’incliner devant la mémoire de ceux qui ont perdu
la vie en tentant de secourir les malades. Je rends également un hommage
solennel aux femmes et hommes qui, au péril de leurs vies, se battent
chaque jour pour l'éradication de cette pandémie.
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La menace que pose Ebola étant globale, les ripostes nationales devraient
être relayées par une mobilisation générale au niveau planétaire.
C’est dans ce sens que mon pays se félicite des mesures prises récemment
par l’Union africaine, les Nations Unies ainsi que des nombreuses initiatives
nationales annoncées. J’accueille favorablement la décision des Nations
Unies d’envoyer une mission sanitaire d’urgence pour combattre l’épidémie
Ebola dans les pays affectés.
Mon pays, qui par le passé a gagné la bataille face à plusieurs
crises Ebola, se propose de mettre à disposition le Centre
International de Recherche Médicale de Franceville (CIRMF)
dont l’expertise sur cette épidémie est avérée.
Monsieur le Président,
Je me réjouis que cette session nous permette de débattre sur un sujet qui
nous préoccupe tous, à savoir « Elaborer et mettre en oeuvre un
programme de développement porteur de changements pour
l’après-2015 ».
Le rapport adopté récemment par l’Assemblée générale sur les Objectifs
de Développement Durable (ODD) constitue pour le Gabon une
base solide dans l’élaboration de cet agenda.
Mon pays se réjouit que les priorités africaines, notamment
l’éradication de l’extrême pauvreté, la promotion d’une
agriculture durable, l’industrialisation, la protection de
l’environnement, figurent en bonne place dans ce rapport.
Je voudrais rappeler que le Gabon est entré dans le processus de l’Agenda
de Développement post-2015 dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan
Stratégique Gabon Emergent (PSGE).
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Le PSGE procède d’une vision, d’une approche qui nous a conduit à nous
définir un programme de développement ambitieux. Ce programme intègre
bien sûr les préoccupations prises en compte dans les OMD, tout comme
les défis liés aux changements climatiques et à la sécurité alimentaire. Il
accorde, naturellement, une place de choix à tout ce qui concourt à la mise
en valeur du potentiel que constitue la jeunesse.
Monsieur le Président,
La stratégie mise en place par le Gabon vise à accélérer la transformation
structurelle de son économie en passant, dans un avenir proche, d’une
économie de rente à une économie d’industries et de services à forte valeur
ajoutée.
Dans la phase actuelle de la réalisation de ce programme, l’accent est
particulièrement mis sur les facteurs de compétitivité que sont la formation
du capital humain, la construction et la mise à niveau des infrastructures de
développement, y compris le développement du numérique et
l’augmentation de la capacité énergétique.
Ainsi, à court terme, nous envisageons de consentir des efforts
supplémentaires en matière d’éducation et de formation dans l’optique
d’améliorer le rendement du système éducatif de base. L’objectif ici est de
renforcer l’employabilité en vue de fournir une main d’oeuvre qualifiée au
marché de l’emploi, et accélérer l’insertion des jeunes dans la vie active.
Le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la
pisciculture, y compris la sécurité alimentaire, continue de bénéficier d’une
attention soutenue de mon gouvernement.
Ce sont-là autant de domaines où nous avons cru devoir anticiper notre
saut dans l’agenda de développement post-2015.
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Monsieur le Président,
Il est notoire que tous ces efforts ne peuvent véritablement prospérer que
dans un environnement politique, économique et social où règne la bonne
gouvernance.
C’est dans cette optique que le Gabon s’est doté d’instruments
institutionnels, tels que la Commission Nationale de la Lutte contre
l’Enrichissement Illicite, dont la mission globale est de garantir la
transparence et l’obligation de reddition dans la gestion des deniers publics.
Depuis lors, j’ai fait de la lutte contre la corruption un objectif
stratégique prioritaire. En ce moment même, des missions de contrôle
et d’inspection d’envergure sont menées dans tout le pays avec des résultats
conséquents.
Je reste profondément convaincu que pour conférer de solides bases à
notre agenda post-2015, il nous faut modeler notre environnement
économique de sorte que la transparence guide l’attribution des marchés
publics et des permis, la rentabilisation des investissements, mais aussi le
respect des obligations des opérateurs économiques vis-à-vis de l’Etat.
Monsieur le Président,
L’engagement du Gabon en matière de lutte contre le changement
climatique reste constant, compte tenu de la gravité du phénomène.
En effet, comme cela a déjà été souligné, le dernier rapport du GIEC nous
rappelle la dure réalité des dégâts causés par les changements climatiques.
Nous aurions tort de rester insensibles à ce qui se passe sous nos yeux.
C’est pour cela que je me félicite des engagements pris par les Chefs d’Etat
et de Gouvernement au terme du Sommet sur le climat qui s’est tenu ici
même le 23 septembre dernier.
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Je réitère ici la détermination du Gabon à assumer sa part du devoir.
Notre ambition, faut-il le rappeler, est de diminuer, d’ici à
2025, plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre
produit par chaque Gabonais.
Mon pays tient par ailleurs à renforcer sa contribution aux efforts de la
communauté internationale en vue de l’adoption d’un accord plus
contraignant, appelé à succéder au Protocole de Kyoto.
C’est tout le sens de la rencontre que nous allons organiser à Libreville, du
18 au 19 mars 2015, pour une Initiative des pays du Sud en faveur
du Climat (South Climate Initiative ).
Par cette Initiative, qui interviendra après la Conférence de Lima, étape
importante, nous voulons apporter une contribution structurée des pays du
Sud au succès de la Conférence de Paris.
L’ampleur des dérèglements causés par le réchauffement de la terre atteste
que le changement climatique est une question existentielle. Face à
l’extrême gravité du péril qui nous menace, nous devons nous unir. Nous
devons travailler main dans la main, avec le même objectif : la planète
doit être sauvée à Paris en décembre 2015.
Monsieur le Président,
Dans un an, notre Organisation célébrera son 70ème anniversaire. Cette
maturité doit lui permettre de mieux répondre aux défis multiformes qui se
présentent à elle.
La réalisation effective du Programme de transformation post 2015
est également à ce prix.
C’est pourquoi il nous faut poursuivre nos efforts en vue de résoudre les
crises et foyers de tension ayant cours dans diverses parties du monde.
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En ce qui concerne la République Centrafricaine, le Gabon continue
de participer activement aux efforts de la CEEAC, de l'Union Africaine, de
l'ONU et du reste de la communauté internationale, visant la stabilisation
de la situation politico-sécuritaire, économique et humanitaire sur le terrain.
Je tiens, à cet égard, à saluer le Forum de Brazzaville pour la paix en
Centrafrique qui s'est conclu par la signature d'un accord de cessation des
hostilités.
Par ailleurs, le Gabon se félicite de la mise en place effective de la
MINUSCA qui a pris le relais de la MISCA.
Pour ce qui est du Mali, le Gabon soutient le processus de paix engagé et
appuie les efforts de médiation déployés par le Burkina Faso, l’Algérie et le
Maroc aux fins de parvenir à une paix durable.
Au Soudan du Sud, le Gabon soutient les efforts de l’IGAD et l’Union
Africaine dans la recherche d’une solution politique négociée entre les deux
belligérants.
Monsieur le Président,
S’agissant du conflit israélo-palestinien, je salue la signature, sous la
médiation de l’Egypte, du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Je forme le voeu que cette trêve dure et favorise la reprise des négociations
directes en vue de la réalisation de la vision largement partagée de la
création d’un Etat palestinien viable, existant en bonne
intelligence aux côtés d’Israël, dans la paix et la sécurité, à
l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.
En ce qui concerne le Sahara occidental, le Gabon se félicite des efforts
de dialogue et de négociations consenties par notre Organisation.
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Mon pays tient à réitérer son soutien à l’initiative marocaine qui nous paraît
être une proposition courageuse et réaliste susceptible d’aboutir à un
règlement durable.
Enfin, pour ce qui est de l’embargo contre Cuba, le Gabon réitère sa
position en faveur de sa levée, en raison de son impact négatif sur le bienêtre
de la population.
Monsieur le Président,
Jamais la menace terroriste n’a été aussi forte que ces derniers temps,
hypothéquant la survie même des institutions des pays touchés par ce
phénomène odieux.
En Afrique, l’activisme de BOKO HARAM pousse des populations
entières à vivre loin de leurs foyers d’origine, dans la terreur, la précarité et
le désespoir.
Au Moyen-Orient, le prétendu Etat Islamique a fini par étendre son
règne funeste à l’est de la Syrie et au nord de l'Irak. Son implantation s’est
accompagnée d'un long cortège de viols, d'exécutions sommaires, de
décapitations et de punitions de tous ordres perpétrées contre tous ceux
qui, aux yeux des extrémistes, symbolisent le refus de la radicalisation.
Aucune nation n’étant désormais épargnée par la folie meurtrière de ces
entités négatives, la lutte contre le terrorisme se doit donc d’être plus
concertée et plus coordonnée.
Mon pays réitère son soutien aux efforts internationaux ainsi
menés et réaffirme sa ferme condamnation des actes
terroristes sous toutes ses formes et manifestations.
C’est pour faire face au défi sécuritaire que représente le terrorisme, que
nous devons renforcer les capacités opérationnelles de nos forces de
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défense et de sécurité, conformément à l’esprit de la Stratégie antiterroriste
mondiale des Nations Unies.
Monsieur le Président,
A ces préoccupations de paix et de sécurité, s’ajoutent d’autres menaces
transversales, notamment le braconnage et le commerce illicite des espèces
protégées. Ce phénomène grandissant, plus particulièrement en Afrique
centrale, constitue une menace à trois niveaux : écologique, économique et
sécuritaire.
C’est en cela que mon pays demeure attaché à l’Initiative de Londres
de février 2014. Nous réaffirmons notre engagement à lutter contre le
braconnage et à appliquer un moratoire sur le commerce de l’ivoire.
Dans ce sens le Gabon et l’Allemagne organisent demain 26 septembre
2014, un évènement parallèle sur cette question.
Monsieur le Président,
Mon pays est plus que jamais déterminé à coopérer davantage, aux côtés
des autres Etats, à la formulation d’un outil de développement qui tiendra
compte des préoccupations globales de nos populations.
Cela implique, entre autres, que nous devons opérer des avancées
dans la réforme du système des Nations Unies.
C’est dans cette perspective que le Gabon, à l’instar d’autres pays membres
de l’Organisation des Nations Unies (ONU), adhère à l’initiative «
Unis dans l’action ». Actuellement au coeur de la réforme de l’ONU,
cette démarche vise à améliorer la cohérence des activités opérationnelles
de développement du Système des Nations Unies.
Monsieur le Président,
Le respect de la dignité humaine et des libertés fondamentales demeure au
centre des préoccupations de mon Gouvernement.
C’est tout le sens que nous donnons à notre présidence du Conseil des
droits de l’Homme qui intervient dans un contexte international très difficile, marqué par de nombreuses violations des droits de l’Homme.
En dépit de ces défis, le Conseil a su réagir et apporter des solutions aux
situations d’urgence engendrées par ces violations. Le leadership du Gabon
a permis d’entretenir un débat constructif et surtout d’éviter de retomber
dans la politisation ou la polarisation des discussions.
Je tiens à renouveler ma reconnaissance aux pays qui nous apportent leur
soutien pour la réussite de notre mandat.
C’est le lieu d’encourager la prise en compte de la dimension droit de
l’Homme dans la réflexion actuelle sur l’agenda post-2015. Le Gabon y
est favorable et propose de mettre un accent particulier sur le
lien entre droits de l’Homme et développement durable.
Au regard de ce qui précède, le Gabon reste engagé aux côtés des autres
Etats à continuer d’oeuvrer à la recherche des solutions collectives adaptées
aux défis actuels en vue d’un monde meilleur.
Je vous remercie.

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